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Derrière Chaque Coin

 

Lors de cette journée, je voulais éviter de penser à toi. Mais comme un réflexe, mes pensées ont dérapé vers ton souvenir. J'ai emprunté les rues où nous avions partagé des rires, des regards complices, et des promesses qui semblaient si durables. J'ai marché dans ce jardin où nos mains se sont entremêlées pour la première fois, où nos pas étaient légers, portés par l'insouciance d'un début. Mais aujourd'hui, tout était différent. C'était comme si le monde avait changé de couleur. Les fleurs ne semblaient plus aussi vibrantes, et les arbres, autrefois témoins de notre amour, se tenaient désormais comme des gardiens silencieux d'un passé que j'avais perdu.


Je cherchais quelque chose, n'importe quoi, qui aurait pu me rappeler la chaleur de ton sourire, le réconfort de ta présence. J'ai observé chaque coin, chaque recoin, mais tu n'étais nulle part. Les rues semblaient plus étroites, le jardin plus vide. L'absence a cette étrange capacité à agrandir les distances entre les objets et à étouffer les sons. Même le vent semblait avoir perdu son souffle, comme s'il refusait de murmurer des souvenirs.


En marchant, je me suis demandé pourquoi nous nous infligeons cela. Pourquoi retourner là où le bonheur a existé, juste pour constater qu'il n'est plus là? C'est comme si chaque pas me rappelait que je n'étais pas assez bien, que quelque chose en moi n'avait pas suffi pour te retenir. Les rêves d'un amour éternel s'effritent, et il ne reste que des fragments de ce qui aurait pu être. Peut-être qu'on nous a menti depuis le début. Les contes de fées n'avaient pas de fins tristes, pas de chagrin d'amour. Ils ne parlaient jamais des épines, des larmes, des nuits sans sommeil. Seulement de princes et de princesses, d'amour et de bonheur éternel.


Alors, oui, je suis rentrée chez moi. Sans toi. C'était étrange de ressentir ce vide, comme si le bonheur avait tourné le dos. Le chemin de retour était silencieux, rempli seulement du bruit de mes pas solitaires. J'ai regardé autour de moi, cherchant un signe, un indice que tout cela n'était qu'un rêve, que tu allais surgir de nulle part pour me dire que c'était une erreur. Mais tu n'es pas revenu. Et moi, je suis resté avec mes souvenirs, avec le poids de tout ce qui aurait pu être.


Le matin est devenu après-midi, et le soleil a commencé à se coucher. Les rues ont pris des teintes d'orange et de rouge, mais même cette beauté naturelle semblait moins éclatante sans toi pour la partager. C'était comme si le monde entier avait perdu un peu de sa magie.


Je suis rentré chez moi, fermant la porte derrière moi. Et en regardant cette porte, je savais que je ne t'avais pas vu aujourd'hui. Ni dans les rues, ni dans le jardin. Peut-être qu'au bout du chemin, il y aurait d'autres saisons, d'autres matins, mais pour l'instant, il ne reste que ce qui ne finit pas. La solitude. Le souvenir. Le vide.

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