Je Ne Suis Qu'un Monstre
Dans un monde sombre et lointain, entouré de vastes déserts brûlants, vivait un homme nommé Abel. Abel était connu dans tout le royaume comme un être impitoyable, un "monstre" dont le nom suffisait à faire trembler les villageois. Les récits de ses exploits cruels et de ses actes de violence circulaient comme des murmures effrayants, ajoutant à sa réputation redoutable.
Abel n'avait jamais cherché à être un monstre. Enfant, il avait été doux et aimant, avec des rêves simples de bonheur et de famille. Mais la vie lui avait enseigné la dureté, le transformant en quelqu'un qu'il ne reconnaissait plus. La guerre, la perte et la trahison l'avaient changé. Le désert, avec ses tempêtes de sable et ses nuits glaciales, avait forgé son âme, la rendant dure comme le fer.
Abel errait seul dans les déserts, évitant les villes et les villages. Il n'avait besoin de personne, préférant la solitude à la compagnie des autres. Les animaux sauvages, les tempêtes de sable, et les ruines anciennes étaient ses seuls compagnons. Chaque pas qu'il faisait le menait plus loin de la civilisation, car il croyait qu'il n'avait pas sa place parmi les hommes.
Un jour, alors qu'il traversait un désert aride, Abel rencontra une jeune femme nommée Eliza. Elle était perdue, seule, et sur le point de succomber à la chaleur intense. Abel n'était pas du genre à aider les autres, mais quelque chose en elle le toucha. Peut-être était-ce le regard de détresse, ou peut-être était-ce un souvenir lointain d'une époque où il avait connu la compassion. Quoi qu'il en soit, il la prit avec lui et l'aida à survivre au désert.
Eliza était reconnaissante, mais elle n'était pas dupe. Elle avait entendu les histoires sur Abel, le "monstre du désert". Pourtant, elle ne semblait pas le craindre. Elle lui parla comme à un être humain, partageant des histoires de sa vie, de ses rêves, et de ses espoirs. Abel resta distant, réticent à s'ouvrir. Il lui dit qu'il n'était qu'un monstre, un homme sans cœur ni conscience. Mais Eliza refusait de le croire.
Au fil des jours, Abel remarqua qu'Eliza le suivait partout. Elle cherchait à percer son armure, à comprendre qui il était vraiment. Elle le comparait souvent à des personnages de contes, des héros torturés qui trouvaient finalement la rédemption. Abel rejetait ces comparaisons, affirmant qu'il n'était pas un héros, mais un cauchemar ambulant. Pourtant, Eliza persistait, voyant en lui quelque chose qu'il n'arrivait pas à percevoir lui-même.
Un jour, alors qu'ils marchaient ensemble dans le désert, ils furent attaqués par un groupe de bandits. Abel, par réflexe, se défendit avec une violence inouïe, éliminant les assaillants sans pitié. Eliza assista à la scène avec horreur, réalisant la brutalité d'Abel. Mais au lieu de le rejeter, elle lui dit qu'elle comprenait d'où venait sa rage. Elle savait que la violence était sa manière de survivre dans un monde impitoyable.
Abel resta silencieux, mais il commença à remettre en question sa propre vision de lui-même. Était-il vraiment un monstre, ou seulement un homme brisé par la vie ? Il se rappela de ses erreurs passées, de ses actes de violence gratuits, et il ressentit un profond regret. Peut-être qu'il y avait une autre voie, un moyen de réparer ce qui avait été brisé.
Avec le temps, Abel s'ouvrit un peu plus à Eliza. Elle devint sa confidente, celle qui l'écoutait sans jugement. Il lui raconta ses histoires de guerre, de perte, et de trahison. Eliza l'écoutait attentivement, lui rappelant que même les monstres pouvaient changer. Elle l'encourageait à trouver un moyen de guérir, de laisser la lumière pénétrer dans son âme sombre.
Abel décida de quitter le désert et de retourner parmi les hommes. Il savait que ce serait difficile, que sa réputation le suivrait partout. Mais il avait décidé de tenter de réparer ses erreurs, de trouver une nouvelle voie. Eliza resta à ses côtés, le soutenant dans son cheminement. Elle lui montra que même le plus sombre des cœurs pouvait être éclairé par la compassion et l'amour.
Les années passèrent, et Abel commença à gagner la confiance des villageois. Il aida à reconstruire des maisons, à protéger les faibles, et à faire amende honorable pour ses actes passés. Sa réputation de monstre s'effaça lentement, remplacée par celle d'un homme qui avait trouvé la rédemption. Abel savait qu'il ne serait jamais parfait, mais il avait appris que le chemin de la rédemption était une lutte constante.
Et ainsi, le "monstre du désert" devint une légende différente. Une légende de transformation, de rédemption, et d'un homme qui avait choisi de ne plus être défini par ses actes passés. Abel apprit que l'amour et la compassion étaient les clés pour guérir un cœur brisé, et que même un monstre pouvait trouver son humanité.


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