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Le Rétroviseur Vide

 

Quand tu es parti, tu as claqué la porte si fort que j'ai cru que le bruit allait me hanter pour toujours. Je suis restée là, plantée devant cette porte qui vibrait encore de ta colère. C'était comme si le temps s'était arrêté, comme si le monde entier s'était effondré avec ce claquement. Pendant des jours, des semaines, je suis restée dans cet état, comme suspendue dans le vide.


Il m'a fallu du temps pour redescendre de ce petit nuage où j'avais cru que tout était parfait. Remettre les pieds sur terre était plus difficile que je ne le pensais. Tout semblait terne, sans couleur, sans saveur. J'ai essayé de contrôler mes émotions, de contrôler mes pensées, de ne pas laisser mon cœur battre trop fort, de peur qu'il se brise encore. J'ai commencé à mentir, à dire que tout allait bien, à sourire quand je ne le voulais pas, à inventer des excuses pour ne pas sortir, pour ne pas rencontrer de nouvelles personnes. C'était plus facile de rester dans mon cocon, dans ma solitude.


Mais le temps fait son travail, même si on ne le veut pas. Les jours passaient, les saisons changeaient, et peu à peu, je me suis surprise à retrouver un peu de joie. J'ai commencé à guérir, à reprendre des forces, à retrouver des passions que j'avais oubliées. C'était comme si, petit à petit, la lumière revenait dans ma vie.


J'ai entendu dire, ces jours-ci, que tu avais demandé de mes nouvelles. C'était étrange d'entendre ton nom après tout ce temps. Je me suis souvenu de notre histoire, de cet amour qui semblait indestructible, et de la raison qui nous a conduits à la fin. Au début, cela m'a troublée, m'a ramenée en arrière, mais j'ai vite réalisé que ça n'avait plus d'importance. J'avais avancé, j'avais appris à vivre sans toi, et tu n'étais plus une partie de ma vie.


Je me suis demandé ce que je devais te répondre. Je savais que renouer avec ce passé ne serait pas facile. Mais puisque tu voulais savoir, je me suis dit que je pouvais te le dire : je vais bien. J'ai appris à reprendre confiance en moi, à croire en mes propres forces. J'ai compris que la vie n'était pas de se dire qu'il n'arrivera jamais rien de mal, mais de se dire qu'on saura faire face à tout ce qui se présente. J'ai surmonté d'autres défis, d'autres chagrins, d'autres douleurs, après toi. Tu as été le premier qui m'a appris à le faire, à résister.


Un beau jour, j'ai repris la route. J'ai commencé à marcher sans savoir où j'allais, mais cela n'avait pas d'importance. Je savais que j'étais prête à affronter ce qui venait. Au moment où je m'y attendais le moins, j'ai jeté un coup d'œil dans le rétroviseur, et tu n'étais plus là. J'ai souri. J'avais enfin laissé le passé derrière moi, et le chemin qui s'ouvrait devant moi était rempli de promesses, de possibilités, de nouveaux départs.

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