Le Vide que tu as Laissé
Il faisait gris ce jour-là, comme si le ciel avait ressenti la tristesse que je portais en moi. La lumière était terne, et les nuages s'accumulaient lentement, prêts à déverser leur pluie sur la ville. J'étais là, debout devant notre maison, celle que nous avions construite ensemble avec des rires, des rêves, et une certaine insouciance. Tu étais déjà parti, laissant derrière toi un vide étrange, comme si tu avais emporté une partie de moi avec toi.
Au début, je n'avais pas compris ce que signifiait ton absence. Je croyais que tu reviendrais, que tout cela n'était qu'un malentendu, un mauvais rêve. Mais les jours passaient, et le vide devenait de plus en plus réel. Dans ce vide, j'ai retrouvé quelques bribes de nos rêves, des morceaux de bonheur éparpillés sur le sol comme des feuilles mortes. J'ai mis du temps à me détacher de ton regard, de cette façon que tu avais de me regarder comme si j'étais la seule chose qui comptait.
Les souvenirs sont comme des échos, ils reviennent encore et encore, te rappelant ce qui était autrefois. Nous avions construit une maison avec des lettres et des fous rires, nos conversations se mélangeaient avec le chant des oiseaux et le bruit du vent. Mais la maison était vide maintenant, les mots s'accrochaient aux murs comme des toiles d'araignée, et les fous rires s'étaient transformés en silences lourds.
Le long de ton chemin, tu avais repoussé tout ce que tu haïssais. Tu avais cherché des lieux où il ne pleut jamais, des endroits où le cœur ne ressent pas la douleur. Mais je savais que tu ne pouvais pas vraiment fuir. On vit toujours à cheval entre le pire et le meilleur, entre ce qui fait mal et ce qui nous guérit. J'avais essayé de suivre ton exemple, de repousser ce qui me faisait souffrir, mais je savais au fond de moi que c'était impossible. Le cœur reste toujours au creux de ses bras-là, là où il a trouvé son premier réconfort.
Il faut quelques caresses pour se dire adieu, quelques mots pour combler l'espace que laisse une absence. Nous avions choisi de ne rien pleurer, de rester forts, mais à l'intérieur, je savais que c'était une lutte constante. L'estomac noué, je marchais dans les rues, essayant de trouver un sens à tout cela. Le monde se refroidit dans le voyage des années, et je savais que je ne pouvais plus faire marche arrière.
Un jour, j'ai réalisé que je devais avancer, que je devais sauter le pas. J'étais pourtant certaine de partir avant toi, de prendre des chemins différents. Mais le destin avait ses propres plans. J'ai pris une profonde inspiration et j'ai commencé à marcher. Chaque pas était difficile, chaque souffle était un rappel de ce que j'avais perdu. Mais je savais que je ne pouvais pas rester figée dans le passé.
Je me suis dit que la vie était faite de ces moments-là, de ces adieux silencieux qui résonnent encore longtemps après qu'ils ont été prononcés. Le temps avance, implacable, et il nous oblige à avancer avec lui. Peu importe la route, on avance que d'un pas à la fois. Et un jour, on doit trouver le courage de franchir ce pas, de laisser derrière soi ce qui ne peut plus être.
Je me suis arrêtée devant la maison une dernière fois. Les fenêtres étaient sombres, et le jardin semblait avoir perdu sa couleur. Mais je savais que je devais continuer. J'ai fermé les yeux, j'ai pris une grande respiration, et j'ai tourné le dos à ce qui avait été. Le monde était grand, et je savais que je devais trouver ma propre voie, même si cela signifiait marcher seul pendant un moment.
Je suis partie, laissant le vide derrière moi, avec l'espoir que le temps m'aiderait à trouver le chemin vers un endroit où il ne pleut jamais. Là où les rêves peuvent recommencer à pousser, même au bord d'un poème qui a perdu sa rime.


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