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Les Larmes Qui Guérissent

 

Au début, mes larmes étaient silencieuses. Elles coulaient doucement, comme des rivières secrètes, trouvant leur chemin entre les pierres de mes doutes et de mes peurs. Elles étaient de celles qu'on ne cherche pas à essuyer parce qu'elles apportent une certaine libération, un souffle d'air frais dans un monde oppressant. À cette époque, je rêvais comme une adolescente, avec des yeux brillants d'espoir et un cœur rempli de désirs. L'amour, pour moi, était un feu, une tempête, un raz-de-marée qui emportait tout sur son passage. Je ne savais pas encore que la passion pouvait être une lame, tranchante et impitoyable.


Lorsque j'ai été frappée par des mots durs, des mots qui pénétraient profondément, j'ai ressenti une douleur nouvelle, une douleur qui efface le sourire et laisse place à une lourde mélancolie. J'ai pleuré, non pas parce que j'étais faible, mais parce que je devais libérer ce poids sur mon cœur. L'espoir que je ressentais autrefois semblait s'évanouir dans les ténèbres de ma déception. C'était comme si toutes les lumières s'étaient éteintes en même temps.


Mais au milieu de ce chaos intérieur, la poésie est venue à moi. D'abord, comme un murmure, puis comme un cri. Elle m'a trouvé là où je m'étais cachée, m'invitant à parler, à libérer mes pensées les plus intimes. J'ai commencé à écrire des poèmes qui ne rimaient à rien, des lignes qui reflétaient mes états d'âme sans nécessairement obéir à des règles strictes. Ces poèmes étaient le reflet de mon cœur brisé, de mes rêves dispersés, de mes espoirs brisés.


Je voulais garder une certaine pudeur, un espace où je n'avais pas besoin de tout révéler. Mes poèmes étaient des fragments de mon âme, des morceaux de vie éparpillés sur du papier. Je ne voulais pas écrire pour les autres, mais pour moi-même, pour créer un sanctuaire où je pouvais trouver la paix. J'ai appris que le simple fait d'écrire pouvait être un acte de guérison, une façon de reprendre le contrôle de ma vie, même si le monde autour de moi semblait s'effondrer.


Avec le temps, le poids de mes larmes s'est allégé. J'ai commencé à voir des signes d'espoir, des éclats de lumière dans l'obscurité. J'ai réalisé que le temps des belles illusions était terminé, que la réalité n'était pas aussi douce que je l'avais imaginée. Pourtant, je savais aussi que je devais continuer à avancer, même si c'était difficile, même si les maux étaient douloureux à écrire.


Les larmes m'ont appris la résilience, la force de continuer malgré tout. J'ai appris que les maux ne sont pas toujours faciles à dire, mais qu'ils ont leur propre beauté, leur propre force. La poésie m'a donné un moyen de transformer la douleur en quelque chose de tangible, de trouver du sens là où il semblait ne pas y en avoir.


Aujourd'hui, mes larmes ne coulent plus aussi souvent. J'ai appris à sourire de nouveau, à trouver de la beauté dans les petites choses. J'ai accepté que la vie ne soit pas toujours juste, mais que cela ne signifie pas que je devais arrêter de vivre. J'ai continué à écrire, à remplir des pages de mots, parce que j'ai compris que chaque ligne était un pas en avant, un pas vers la guérison. 


Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve, mais je sais que je suis prête à l'affronter, avec la poésie comme alliée et les larmes comme témoins de mon voyage.

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