Les Promesses au Vent
Il l'a dit un jour :
"Reine de mes jours,
Maîtresse de mes nuits,
Je te promets de t'emmener
Au bout de la terre,
T'habiller de pluie,
Te couvrir de pierres,
De jade, d'émeraude,
Qui ne valent guère
Devant tes yeux,
Ma source de lumière.
Je te promets
D'apporter les hirondelles,
Te faire un printemps,
Te tisser des dentelles
Des ailes du vent,
Où n'existe ficelle,
Te faire un parfum
Senteurs du ciel.
Je te promets
Que dans mon cœur,
Tu danses, tu joues,
Tu chasses la peur,
Plus de tabous,
Tu sèmeras des fleurs
Dans ses torpeurs."
Il m'a promis
De rares promesses
D'amoureux fous,
Vivant en ivresse.
Il n'était jaloux
Que du temps qui passe,
Il n'était jaloux
Que du temps qui presse.
Et maintenant,
Dans ma solitude,
Sur ma tête volent
Des corbeaux avides.
Leurs voix s'envolent
Dans mon cœur vide,
Mon corps de taule,
Mes mains froides.
Dans ma solitude,
Me rongent les promesses
Au vent parties ...
Ces mots, gravés dans ma mémoire, résonnent encore dans les moments de silence. Chaque phrase, chaque promesse, portait en elle l'écho d'un amour infini, d'une dévotion sans faille. Il était mon rêve éveillé, celui qui donnait vie à mes espoirs les plus fous. Chaque jour était un festival de tendresse, chaque nuit un bal de confidences.
Il me parlait de mondes lointains, de paysages exotiques, de trésors cachés. Avec lui, j'ai voyagé sans quitter notre refuge. Les pluies qu'il évoquait n'étaient pas des orages menaçants, mais des averses douces qui caressaient la peau et faisaient fleurir nos âmes. Les pierres précieuses qu'il promettait n'étaient que des symboles de la valeur qu'il accordait à chaque instant passé ensemble.
Les hirondelles qu'il m'apportait étaient des messagères du renouveau. Chaque printemps qu'il faisait naître dans nos cœurs était une saison de renouveau et d'espoir. Les dentelles qu'il tissait étaient faites de rêves et de désirs, des créations délicates qui flottaient entre nous comme des promesses de douceur éternelle.
Il me promettait un parfum unique, fait des senteurs du ciel. Ce parfum, je le ressens encore, comme un souvenir olfactif qui me ramène à ces moments de bonheur pur. Il disait que dans son cœur, je dansais et jouais, chassant toutes les peurs. Avec lui, je pouvais être moi-même, sans masque, sans réserve. Les tabous se dissolvaient dans l'amour qu'il me portait, et chaque jour était une semence de fleurs dans les torpeurs de la vie.
Aujourd'hui, ces promesses sont des souvenirs amers, des échos d'un passé révolu. Ma solitude est un désert où volent des corbeaux, symboles de mes pensées sombres. Leurs voix rauques se heurtent aux murs de mon cœur vide, résonnant comme des rappels incessants de ce qui était et de ce qui n'est plus.
Mon corps, jadis réchauffé par son amour, est maintenant comme une carapace de taule, froide et rigide. Mes mains, autrefois tenues dans les siennes, sont glacées, orphelines de son toucher. Chaque promesse non tenue me ronge, comme un vent cruel qui emporte les derniers vestiges de mon espoir.
Les corbeaux volent, leurs ombres s'étendant sur mon âme. Les mots qu'il a prononcés, si doux et pleins de vie, se sont dissipés comme de la fumée dans l'air. Il n'est plus là pour tenir ses promesses, et je reste avec ce vide immense, ce gouffre de solitude où je m'efforce de survivre.
Pourtant, parfois, je me surprends à espérer, à rêver qu'un jour, quelqu'un d'autre pourrait venir et combler ce vide, ranimer la flamme éteinte. Peut-être que les promesses, même parties au vent, peuvent renaître sous une autre forme, dans une autre vie. Mais pour l'instant, je suis seule, hantée par les souvenirs de ces paroles douces, ces promesses d'un amour éternel, disparu comme un rêve à l'aube.


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