Aimer jusqu’au péril de sa vie-Tom1
Le retour d’Adrien
La pluie battait contre les vitres de l’hôpital Saint-Laurent, noyant la ville dans une grisaille étouffante. Clara marchait d’un pas rapide dans le couloir principal, son badge d’infirmière accroché à sa poitrine. Ses yeux cernés trahissaient les longues gardes passées à sauver des vies, mais derrière cette fatigue se cachait une force inébranlable : la passion de son métier.
Elle entra dans la salle de briefing. Les médecins et infirmières prenaient place, discutant des nouveaux cas. Mais ce matin-là, son regard s’arrêta net sur un nom écrit au tableau :
Dr. Adrien Morel – Nouveau chirurgien en chef.
Un frisson lui parcourut l’échine. Adrien… Le garçon qu’elle avait connu au lycée. Le garçon qu’elle avait aimé en silence, sans jamais oser tout avouer. Celui qui avait disparu après leurs examens, laissant derrière lui un vide douloureux.
La porte s’ouvrit. Un homme entra, grand, les épaules droites, le regard vif derrière des lunettes discrètes. Ses cheveux bruns avaient gagné en maturité, tout comme ses traits, désormais marqués par la rigueur et l’expérience. Mais pour Clara, il restait le même.
Adrien balaya la salle du regard, d’un air professionnel, avant de s’arrêter un instant sur elle. Un bref éclair traversa ses yeux, comme un souvenir lointain qui remonte brusquement à la surface. Mais il ne dit rien. Il prit simplement place au pupitre, comme si rien ne s’était jamais passé.
Le cœur de Clara se serra.
Dix ans s’étaient écoulés. Dix ans à l’oublier… ou à essayer. Et le destin le ramenait brutalement dans sa vie, au moment où elle s’y attendait le moins.
Mais elle ignorait encore qu’en revoyant Adrien, elle n’allait pas seulement revivre son passé. Elle allait se jeter dans un tourbillon où l’amour et le danger se mêleraient jusqu’à mettre sa vie en péril.
Le poids du passé
Après le briefing, Clara se retrouva seule dans le couloir, le cœur encore battant à tout rompre. Les souvenirs de son adolescence revenaient en vagues douloureuses : les rires partagés avec Adrien, les regards volés en classe, les promesses silencieuses qu’ils ne pouvaient pas encore exprimer.
Elle se força à respirer profondément. Elle devait rester professionnelle. Mais chaque fois qu’Adrien passait devant elle, un frisson lui parcourait l’échine.
Quelques minutes plus tard, Adrien la rejoignit près du distributeur d’eau.
— Clara… ça fait longtemps, dit-il, d’une voix calme mais chargée d’émotion.
Elle détourna le regard, le cœur serré.
— Oui… trop longtemps.
Le silence pesa un instant. Puis Adrien reprit :
— J’ai souvent pensé à toi, tu sais… même après toutes ces années.
Clara sentit son souffle se bloquer. Elle avait attendu ce moment, mais jamais il n’aurait dû être aussi fragile.
— Moi aussi… murmura-t-elle. Mais elle se força à détourner les yeux, incapable d’affronter la douleur et le désir mêlés qui bouillonnaient en elle.
Pourtant, l’hôpital n’était pas un lieu sûr pour leurs retrouvailles. Dans les jours qui suivirent, des événements étranges commencèrent à se produire : des appels anonymes, des notes inquiétantes glissées sous les portes des médecins, des alarmes silencieuses déclenchées sans raison.
Clara sentit une inquiétude sourde s’installer. Adrien, lui, semblait concentré sur son travail, mais son regard parfois se perdait dans le vide, comme s’il pressentait quelque chose de terrible.
Et tandis qu’ils essayaient de raviver une complicité ancienne, le danger rôdait, invisible mais omniprésent. Leur amour naissant allait bientôt être confronté à une menace qui les obligerait à choisir : aimer jusqu’au péril de leur vie, ou fuir pour survivre.
Les lettres anonymes
Le lendemain, Clara arriva de bonne heure à l’hôpital. L’air était humide et chargé d’électricité après l’orage de la veille. Elle pressa le pas, son badge d’infirmière tintant contre sa blouse.
En entrant dans la salle du personnel, elle remarqua une enveloppe blanche, posée seule sur une chaise. Aucun nom, aucun timbre. Juste une écriture tremblante mais déterminée :
“Ceux qui sauvent des vies finiront par mourir. Prudence.”
Clara sentit son sang se glacer. Elle glissa un regard autour d’elle : aucun collègue, aucun témoin. Juste le silence et une peur sourde qui s’installait.
Quelques heures plus tard, Adrien passa à côté d’elle, un rapport médical à la main.
— Clara… tu as reçu ça ? demanda-t-il, d’un ton bas, presque inquiet.
Elle hocha la tête, tendant l’enveloppe. Il la prit délicatement, lisant le message avec un froncement de sourcils.
— Ce n’est pas une simple blague… murmura-t-il.
— Mais qui… pourquoi nous ? demanda Clara, la voix tremblante.
Adrien secoua la tête. Son regard se perdit un instant, comme en proie à un souvenir douloureux.
— Je… je ne sais pas encore. Mais il faut rester sur nos gardes. Quelqu’un nous observe.
Cette phrase fit frissonner Clara. L’inquiétude s’insinua dans son cœur comme un poison. Et pourtant, à chaque regard qu’elle croisait avec Adrien, un mélange de peur et d’attirance la submergeait.
Ce jour-là, à chaque couloir qu’elle traversait, à chaque patient qu’elle soignait, elle sentait une présence invisible. Le danger rôdait, silencieux, et quelque part dans l’ombre, quelqu’un jouait avec leurs vies.
Mais Clara savait une chose : peu importe la peur, elle ne laisserait pas Adrien tomber… pas cette fois.



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